Extrait n°1 (La princesse nue)

[…]Les rideaux s’ouvrirent subitement et Skissa apparut. Les deux esclaves baissèrent leur tête. Elle releva aussitôt Laeta et l’inspecta. Elle réajusta quelques bijoux et la toisa de son regard si proche de celui d’un serpent.

– C’est ta dernière danse, Esclave, tâche de faire bonne figure !

Le silence s’était fait dans la salle du prince. Le grand tapis central avait été évacué de ses occupants, un grand espace pour la danse avait été dégagé. Une très grosse panière y était posée. Laeta s’approcha. Elle était blanche, l’estomac toujours aussi noué. La seule chose qu’elle lisait dans les regards des danseuses qui s’étaient assises sur le côté, des musiciens ou des courtisans, c’était la pitié ou la crainte. Elle vint se prosterner, à quelques pas de la panière, devant le siège des époux princiers. La prêtresse-sorcière avait rejoint sa place. Les musiciens débutèrent, au grand saze, au tambourin et aux flûtes serpent, ils jouèrent une musique lancinante, toute en courbes. Laeta se releva doucement, en reptations et en ondulations au rythme de la mélopée. Elle commença à danser devant la panière. Bientôt, la tête du serpent en sortit. Le najaï était un monstre. L’énorme tête de cobra aux écailles noires et rouges vives était pourvue de nombreuses petites cornes. Ses yeux étaient terrifiants, avec une pupille en étoile et un iris aux couleurs hypnotiques. A en juger par la taille de sa tête, l’animal devait mesurer près de dix mètres, ses mensurations s’approchaient de celle d’un grand anaconda. Laeta tressaillit en voyant le serpent sortir de sa panière, mais elle continua à danser. Elle se mit à faire jouer ses mains, comme des serpents, les pierres des bagues qu’elle portait imitaient à merveille leurs yeux. Elle continuait à onduler au rythme de la musique alors que le monstre sortait lentement, de toute sa masse. Ne pas le regarder dans les yeux, c’est tout ce dont Laeta se souvenait des serpents d’Arksass. La bête semblait intriguée par les mains de Laeta, sa tête oscillait de l’une à l’autre, semblant hésiter. Etait-elle dupe ou jouait-elle avec sa proie ? Laeta poursuivit sa danse, écartant ses bras, pour accentuer la confusion. Le serpent continua de se dandiner de droite à gauche un moment, puis se lassa. Il glissa le long du tapis, fit presque un tour de Laeta et se redressa à nouveau. La chorégraphie continua un moment, jusqu’à ce que le serpent, se dressant toujours plus haut, se mette à fixer la danseuse de son regard terrible. Un éclair sembla en jaillir. Le diamant que Laeta portait au nombril se mit à briller intensément.[…]

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