Extrait n°3 (La princesse nue)

[…]Ils avancèrent prudemment vers l’ouverture que désignait Rodar, les pierres du plafond menaçaient de se décrocher à tout moment. Deux autres portes de bois sombre donnaient dans la salle effondrée, Rodar en avait choisi une. La faible lumière de la lanterne découvrit une petite salle étrange. Elle ne contenait que ce qui semblait être une vitrine. Derrière une plaque de verre épaisse, fissurée de toutes parts mais qui tenait toujours en un seul morceau, sans même un véritable trou, dans une sorte d’armoire de pierre maçonnée à même le mur, se tenait une gargouille. La statue était plus grande et bien mieux exécutée que celles que l’on pouvait  trouver dans la maison. Le sculpteur avait travaillé les moindres détails, ses nombreuses cornes, ses crocs, ses griffes, et sa peau écailleuse, dans une pierre dure, noire et luisante. Le reflet de la lanterne faisait briller les deux yeux noirs de la tête démoniaque d’une  lueur maligne. Comme s’il lui donnait vie. On aurait juré qu’elle fixait les deux intrus. Laeta agrippa l’avant-bras de Rodar et le serra avec tellement de force qu’elle enfonça ses ongles dans sa chair jusqu’au sang. Rodar, un instant interdit devant ce spectacle, sortit de sa torpeur rappelé à la réalité par sa belle esclave. Il recula. Il avait vu le battant droit de l’armoire. Il n’était pas en pierre, il s’agissait d’une sorte de porte blindée de métal. Quelque-chose lui disait qu’il valait mieux ne pas trainer trop longtemps par ici, qu’il ne valait mieux pas essayer d’en savoir plus. Il fila vers l’autre porte. Laeta lui emboita le pas mais ne put s’empêcher de jeter un dernier regard à la gargouille. Sa gueule ouverte mimait un affreux sourire. Elle aurait juré, qu’un instant avant, la statue n’affichait pas cette expression. Ou pas tout à fait.[…]

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