Ce roman constitue le premier volet de la trilogie de fantasy orientale des aventures de Laeta. Le récit, entièrement remis à neuf, est poursuivi par les tomes 5 et 6, qui retracent la quête complète de l’étoile des sables anciennement parue aux éditions SK.
La houri et le sorcier constitue un tournant dans la vie de Laeta, ce tome est riche en révélations, notamment sur sa famille et en préfigure beaucoup plus.
Au sortir de ses aventures à travers les sables brûlants du Shamyr, les jungles de Maridjiane et du Maramapur et sa traversée des Amraya, Laeta ne sera plus tout à fait celle que vous avez découverte dans les Cascades d’argent et la lune d’ombre…
À courir après une étoile, on se perd au cœur de la nuit…
De retour dans l’Orient de son enfance, Laeta entre au service d’Ash-al-Azyr, un sulfureux sorcier, qui l’utilise dans ses complots tortueux. Ce dernier a le don de souffler le chaud et le froid, la traitant un jour comme la simple esclave qu’elle est devenue et l’autre comme une reine.
Le califat du Shamyr vacille tout entier alors que ses ennemis se pressent à ses portes. Les meurtres se succèdent au palais et le maître de Laeta n’est pas le seul à être obnubilé par l’étoile des sables, un joyau antique qui, par son enchantement unique, aurait le pouvoir de sauver le royaume… ou de conférer une puissance au-delà de toute raison au mage qui le détiendrait.
La quête d’un tel artefact n’est-elle pas un leurre mortel ? En s’y lançant, Laeta va découvrir le terrible secret que cache Ash-al-Azyr et se retrouver face à un dilemme insoluble.
Se laissera-t-elle séduire par ce prince ténébreux ou le trahira-t-elle ? Et lorsque le pouvoir des nécromanciens se dressera sur sa route, sa magie de houri et sa perspicacité seront-elles à la hauteur pour affronter leur nuit éternelle ?
Le livre papier (broché) est à 20 euros et les versions numériques à 4,99 €.
Extrait 1
Laeta était presque nue. Sa peau claire et ses cheveux légèrement ondulés, d’une blondeur qui tirait sur le blanc, tranchaient avec le teint sombre des Shamyriens. Les jeunes femmes occidentales n’étaient pas si rares ici, une grande part de la population de Pamyr était d’origine occidentale. Comme beaucoup de cités de la côte orientale de la mer violette, elle avait été fondée avant même l’avènement de l’empire glénorien et les conquêtes d’Yskandar le grand, par les Spariens, des Occidentaux. Les jeunes esclaves blanches n’en étaient pas moins très recherchées, surtout depuis que Pamyr avait été rattachée au califat shamyrien, une vingtaine d’années auparavant.
Boike avait fait aligner ses petites merveilles sur une estrade de bois, fixée à près d’un mètre cinquante du sol, contre un des remparts de la ville. La rue du marché aux esclaves, à l’intérieur des murs, grouillait d’activité lorsqu’il y avait un arrivage. Les filles étaient exposées au regard des passants, vêtues de simples pagnes, les unes à côté des autres, régulièrement espacées, toutes enchaînées au mur par leurs colliers d’acier, les mains liées dans le dos. Les hommes que vendait Boike étaient en face, sur une estrade semblable, si bien que tout passant qui traversait cette portion de la rue ne pouvait ignorer ses articles. Un beau garçon blanc à peine plus âgé que Laeta se trouvait pile en vis-à-vis d’elle. Elle ne pouvait s’empêcher de l’observer, il lui faisait penser à quelqu’un, mais elle n’arrivait pas à savoir qui.
Le marchand, assis sur une chaise pliante à l’extrémité de l’estrade sous une ombrelle, se saisit de son fouet et, sans prendre la peine de le dérouler, frappa violemment le plancher de son présentoir. Le claquement rappela les esclaves à l’ordre. Laeta, qui tenait déjà la pose, bomba un peu plus le torse, offrant ses seins fermes aux regards impudiques. Cami se redressa aussitôt, gonfla sa poitrine et se remit à sourire. L’avertissement lui était destiné, elle le savait. Des hommes s’étaient arrêtés et admiraient la marchandise de Boike. Des nomades Badawis des tribus désertiques, si on devait se fier à leur allure. Boike se leva et présenta ses esclaves d’un geste ample.
— Salaam, hommes des sables, j’ai les plus belles femmes du marché, admirez !
Il était sûr de son affaire, les deux filles qu’il avait achetées aux Mingols étaient deux petits bijoux, surtout la blonde avec sa pierre rose dans le nombril. Il ne comptait pas les céder à bas prix ni trop rapidement, elles serviraient grandement à attirer les yeux vers son estrade. Boike était rompu à son métier et particulièrement habile : il vendrait les moins belles pièces de son stock en journée et garderait celles qui avaient le plus de valeur pour le soir. La rumeur ne disait-elle pas que le Chambellan de la Porte d’or, le palais Califal de Shamyria, devait venir en personne acheter quelques concubines-danseuses ?
Comme s’y attendait Boike, le Badawi aux vêtements poussiéreux observa Laeta en premier. La jeune femme, qui n’avait peut-être pas vingt-cinq ans, était d’une beauté exceptionnelle. Fine et souple, elle avait des yeux bleus qui étincelaient dans son joli minois. Il se tourna ensuite vers Cami, une autre blanche, à la poitrine généreuse. Légèrement plus âgée que Laeta, plus grande également, elle était sans nul doute très avenante avec ses pupilles noisette. Ses cheveux mi-longs châtains étaient si clairs qu’ils tiraient sur le blond. Son sourire était cependant un peu crispé. Mais pas autant que celui de la jeune femme brune à côté d’elle qui était manifestement forcé. Aucune des filles n’était rassurée, la perspective d’être vendue comme esclave à des hommes d’une tribu du désert n’avait rien d’enviable.
— Toi ! Avance ! ordonna le Badawi.
Extrait 2
Laeta et Cami se relevèrent, poussant délicatement les corps endormis des hommes du chazadé Zahid puis s’éloignèrent dans l’obscurité.
— On a parfaitement joué notre numéro ! se réjouit Cami à voix basse.
— Oui, ils y ont cru ! On est passées pour deux jolies gourdes !
— Ils n’étaient pas trop mal ! Mieux que les soudards du lac ! Tu t’es servie de ta magie pour endormir les deux vieux ?
— Oui, acquiesça Laeta en hochant la tête.
— Tu penses que je pourrais apprendre à faire ça ? Maîtresse Adima ne m’en a jamais parlé. Tu pourrais m’initier ?
— Je ne sais pas, peut-être lui répondit Laeta dans un sourire.
Elle s’arrêta et se plaça en face de son amie.
— C’est en toi que ça se passe ! Écoute la magie ! Tu devrais sentir ton esprit s’envoler…
Laeta posa un délicat baiser sur les lèvres de Cami. C’était loin d’être la première fois, habituellement il s’agissait de satisfaire des clients, mais cette fois-ci Cami ressentit quelque chose de différent. Un plaisir intense se déversa à travers elle comme lorsque Laeta l’avait embrassée sur un quai d’Escargae et qu’elle s’était aussitôt endormie. Laeta s’écarta d’elle, avec les pupilles dilatées que Cami commençait à bien connaître.
— Alors ? demanda Laeta.
— Tu embrasses toujours aussi bien ! Même les filles ! Mais c’est tout…
Laeta haussa les épaules.
— Je ne suis pas magicienne, je ne sais pas comment ça marche, en fait.
Leurs rires clairs emplirent le couloir au tapis soyeux dans lequel elles s’étaient engagées.
— Je m’inquiète, reprit Laeta un peu plus tard.
— Pour ?
— Qu’est-ce qu’on est censées faire, maintenant ?
— Moi aussi, je me demande, répondit Cami. À qui appartenons-nous ? À ce prince paranoïaque ou à ce fou de sorcier ? Je ne sais pas qui est le pire des deux…
— Je crois qu’ils ont chacun leur avis, mais pas le même… Si quelqu’un doit en faire les frais, on est toutes trouvées !
— Et que dit l’éducation de la medress dans ces cas-là ? Je n’ai eu droit qu’à la formation accélérée, s’amusa Cami.
— Une esclave de plaisir est censée appartenir à un maître, pas deux…
— Tu crois qu’on pourrait s’évader ?
— N’y pense pas, Cami ! On irait où ? Ils n’ont pas beaucoup de pitié pour celles qui s’enfuient. Et tu oublies ces colliers ! De plus, ajouta-t-elle un peu moqueuse… moi qui suis censée te montrer la voie de l’esclave de plaisir, je te trouve bien indisciplinée.
Cami sourit à la boutade.
— Mais, on ne va pas rester ses esclaves toute notre vie ! Tu as entendu ce qu’il a dit ?
— Si j’étais seule, ce serait différent, expliqua Laeta en dévisageant Cami. Je m’y ferais, je m’appliquerais sûrement à lui plaire, et j’y trouverais certainement mon compte. Mais tu es là ! Je ne vais pas te condamner à une vie qui n’est pas la tienne. Je sais que tu as besoin de moi, ici, même si tu te débrouilles bien avec la langue. On va essayer quelque chose, mais je n’ai pas la moindre idée de quoi. De toute façon, tant qu’on a ces colliers au cou, il nous tiendra. Et je ne souhaite pas apprendre leur pouvoir à mes dépens.
— Justement, pourquoi les a-t-on encore, ce sont ceux du sorcier, non ?
— Je ne sais pas ! Ils ont l’air de connivence tous les deux…
Elles remarquèrent une vaste étendue de verdure et un bassin scintillant dans le clair de lune, de l’autre côté d’une superbe arche outrepassée.
— On va dans le jardin ? proposa Laeta. Tu as gardé du kif ?
— Oui, se réjouit Cami, on fume un peu ? Ce palais, ces jardins, c’est magnifique ! À croire que le maître du lac vit dans une porcherie !
Elles flânèrent en direction des palmiers et du bassin des flamants roses, mais à peine eurent-elles franchi le seuil qu’elles se sentirent étrangement légères. Tout s’agrandit considérablement autour d’elles. Puis elles tombèrent, mais se rattrapèrent dans un réflexe qu’elles ignoraient.
Elles bâtirent des ailes et s’envolèrent au-dessus des toits de Shamyria, filant à travers les airs en direction des cinq tours de la guilde de magie, la guilde de la troisième lune. Les deux colombes se posèrent sans hésitation sur la main tendue entre les barreaux d’or du harem d’Ash-al-Azyr.
— Alors ? Déjà de retour à la cage, mes petits oiseaux ! Je vous avais pourtant bien dit de ne jamais quitter les murs du palais !
Le maître de la tour de feu partit d’un grand rire.