Le Shamyr

Le Shamyr est également appelé Califat Shamyrien ou empire du Shamyr, c’est l’empire le plus étendu des royaumes de lune et probablement le plus puissant. Il est le pendant de l’empire Glénorien qui se situe de l’autre côté de la mer violette.

Fiche Background du Shamyr : Background Shamyr

Géographie du Califat

« Comment ne pas présenter en premier lieu l’empire Shamyrien et sa capitale Shamyria, la cité aux minarets blancs et or ? Plus morcelé qu’il n’y parait, le califat reste le premier empire du monde, à la pointe des sciences, de la philosophie et de la magie. Il a, bien entendu, sa face sombre… mais justement, les Shamyriens préfèrent la taire ! On pratique très largement l’esclavage dans ce royaume, héritier des anciens Parses, et si l’illumination est sa religion officielle, la nuit, dans l’ombre, on murmure encore les prières à des dieux qu’il ne vaut mieux pas nommer…

Sur la côte shamyrienne de la mer violette, de nombreuses cités florissantes, vestige des anciennes conquêtes glénoriennes, forment autant de portes entre l’orient et l’occident. Pamyr, Akr ou Myr ont, tour à tour, appartenu à un empire ou à l’autre.

Plus au sud, au-delà des monts Amrayas, où l’on dit que s’élèvent les plus hauts sommets du monde, s’étend le sultanat Maridjiane, le pays des amazones. Il est bâti autour de la cité de Maridjiane, la perle de la mer de cristal. C’est plus au sud encore que se situe l’antique Numizie, avec ses habitants à la peau noire et ses mercenaires réputés.

Le sultanat d’Iskiandre est sous la férule d’une dynastie d’ogres, théoriquement vassale du Calife de Shamyr. Ses montagnes sauvages et ses plaines caillouteuses abritent des mystères que même les orientaux ignorent. Et nul ne sait jusqu’à quelles contrées inconnues s’étendent les terres vers l’est. »

                                                                  L’étoile des sables 1 : La houri

carte générale

Shamyr

Suivant le géographe Hassan-al-Rawyi, qui officiait à la Porte d’or, le palais du Calife de Shamyria, à l’apogée de l’empire, il fallait quatre-vingt jours à une caravane chargée d’épices et d’ivoire Numizien pour aller de Maridjiane à la Porte Bactriane et quatre-vingt-quinze jours pour aller de Pamyr jusqu’à l’extrémité est du sultanat d’Iskiandre. L’empire s’étendait ainsi sur des milliers de lieux, englobait des chaînes de montagnes entières, des déserts, et était constitué d’autant de peuples différents qu’il y avait d’étoiles dans le ciel (Comme quoi les géographes ont toujours tendance à exagérer !).

À l’ouest, il est bordé par la mer Violette, bien que des états orientaux Glénoriens aient toujours subsistés entre les monts de sables et la mer. Au gré de l’histoire les différentes cités côtières ont appartenu à un empire ou à l’autre lorsqu’elles n’ont pas été purement et simplement indépendantes. Au nord, Les monts Balkazes et le massif du Zarral séparent le califat des Khanats mingols. À l’est, la frontière entre le sultanat d’Iskiandre, partie intégrante de l’empire et les Khanats d’Ograï n’a jamais été clairement définie. Au sud Le sultanat Maridjiane marque la limite de l’empire. Au-delà ce sont les jungles Numiziennes qui ne sont que la continuité des jungles Maramapuriennes de l’autre côté de la mer de cristal.

Le Shamyr, pourrait être décrit comme une mosaïque de provinces organisées autour de cités opulentes, jetées à travers des plaines désertiques. Ce serait aller un peu vite en besogne. Il n’y a aucun point commun entre les sables ardents du désert rose et les pentes gelées du Zarral ou des monts Altayas, au sud d’Iskiandre. Ces derniers disputent aux monts Amraya le titre de plus haute chaîne du monde connu. Toute la plaine du Typhrate est fertile et les marais de Bassoura, à son embouchure sur la mer de cristal, sont très cultivés. De par ses provinces florissantes et son commerce opulent, le Shamyr est autosuffisant. Il est situé à un carrefour clef entre la Numizie, mystérieuse et sauvage, le Maramapur aux cités riches d’épices et l’occident qui lui a toujours acheté ses richesses contre des métaux précieux, des fourrures… et du vin !

Un peu d’histoire

Le Califat ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans les conquêtes de l’illumination, menées par le prophète Azûl à la tête des tribus des sables Miraj. Auparavant, la région était en pleine décadence, constituée de royaumes désunis héritiers de l’antique empire Parse.

C’est au cours de l’année 1125 que le prophète Azûl reçut l’illumination. Dans les sables Miraj et dans le désert rose, les tribus bédouines s’affrontèrent d’abord puis s’unirent sous sa bannière verte. Le prophète, dans sa trentième année, avait reçu l’illumination et l’avait récitée en sourates que ses disciples avaient transcrite en un long texte sacré : la prophétie des sables. Azûl qui avait reçu ses visions d’un des djinns serviteur du Très haut put annoncer au monde la troisième révélation. Les anciens dieux n’étaient que les envoyés du Très haut, le dieu unique, créateur universel et seul détenteur du destin du monde. La fondation de Smyrra puis la prophétie de Jenva, n’étaient que des révélations incomplètes, préparant la venue de l’illumination. Armés de leur foi et sûr de leur prophète, les tribus bédouines déferlèrent comme les flammes sur une plaine sèche et conquirent tous les sultanats morcelés au nord des montagnes roses. Leurs exploits se poursuivirent bien au-delà de la mort d’Azûl. Ils fondèrent le califat de Shamyr et prirent pour capitale l’ancienne cité Parse de Shamyria. Ils soumirent et convertirent ensuite les khans ogres Yskiandrins de l’est, puis ils portèrent la guerre sainte vers la mer de cristal. Les amazones d’Ajapur durent se soumettre à leur tour, défaites au cours de la bataille d’Az Brahid par les Shamyriens et leurs alliés ogres. Leur reine accepta de se convertir prenant le titre de sultane de Maridjiane, du nom qui fût donné à la nouvelle province du Califat. Elle dût également accepter de livrer des otages aux Iskiandrins frustrés de n’avoir pu se livrer au pillage après la bataille. Le calife suivant, troisième successeur d’Azûl, se tourna vers l’occident et prit, une à une toutes les cités côtières.

La prise de Smyrra, la cité sainte, marqua la fin de la conquête, en même temps qu’elle laissa l’occident sous le choc. Les tensions s’étaient apaisées à l’ouest de la mer violette, une paix relative s’était établie depuis plusieurs décennies. L’impérator de Glénor y vit une chance de restaurer le pouvoir de sa cité, et peut-être l’empire. Se posant en défenseur de Jenva, il proclama la première salvarade. Des chevaliers vinrent de tout l’occident, traversèrent la mer reprirent Smyrra, Pamyr, quelques autres cités et fondèrent un état glénorien d’orient. Ce fut également la naissance des ordres religieux et notamment des frères des temples. L’empire shamyrien réagit et une guerre, marquée par de longues trêves, s’étendit sur des décennies. Elle justifia une seconde salvarade, puis une troisième, lorsque le dernier état glénorien d’orient, la principauté d’Akr, appela les occidentaux à son aide. L’année 1457 dans le calendrier de Jenva, 332 dans celui de l’illumination, venait de sonner.

Mais la grande guerre qui s’en suivit se révéla une catastrophe pour le Califat. Les hordes mingoles franchirent la Porte Bactriane et ravagèrent la province de Kiraz. Le sultan d’Iskiandre leur fit allégeance et prit le titre de Khan d’Iskiandre, frappant d’un terrible coup de poignard dans le dos l’empire déjà vacillant. Si à l’ouest l’impérator marquait le bas après la bataille de Bekessos, la menace mingole et Iskiandrine mettait le Califat dans un péril mortel.  Des luttes intestines ne manquèrent pas d’éclore à l’occasion de cette guerre et le calife Haroun-al-Nurédin en fit les frais. Le commandeur des croyants, la lumière de l’orient, souverain religieux et temporel de l’empire Shamyrien fût déposé par son fils, Le prince Sélim qui prit le titre de Calife. Aidé par le sorcier sulfureux Ash-el-Azyr, il mena la guerre et tenta d’enrayer la dislocation de l’empire. Car dans la débandade annoncée, les anciens gouverneurs de provinces se déclaraient émirs ou sultans les uns après les autres, préférant négocier avec les envahisseurs plutôt que de combattre. Si l’on ne sait pas le sort qui fut réservé au calife Haroun-al-Nurédin, il est admis que son fils, Sélim mourut lors de la reprise de Shamyria, après de sac de cette dernière par le Khan Hulagu. Son demi-frère Rachid-al-Haroun prit officiellement le titre de calife. Mais en 1460 l’empire Shamyrien, à moitié dépouillé de ses possessions et  ravagé par les bandes armées, n’était plus que l’ombre de lui-même…

Les shamyriens

Pour se faire une idée d’à quoi peut bien ressembler un Shamyrien…

« Les rues de Shamyria étaient en proie à leur agitation habituelle. Elles résonnaient des cris des artisans, ou des camelots qui vantaient leurs marchandises uniques. Les citadins aux caftans et aux robes bigarrées se pressaient dans les ruelles. Les mamelouks, soldats esclaves de la porte d’or, faisaient régner l’ordre dans ce qui pour tout autre qu’un Shamyrien aurait ressemblé à une cohue sans nom. Gazim dépassait de deux têtes Laeta et Cami, c’est lui qui fermait la marche. La laisse qu’elles avaient au cou, une chaine d’or, était attachée à sa ceinture. Il ne craignait pourtant pas qu’elles s’échappent ; il s’agissait plus de prévenir toute tentative de vol ou d’agression envers elles. Si tant est qu’on eût pu l’ignorer… Il n’était pas courant, même dans la cité aux dômes d’or et aux minarets immaculés, de voir de si belles esclaves de plaisirs déambuler dans les rues. Elles avaient le visage voilé : un pur artifice de séduction qui ne cachait rien de leurs jolis traits. Quant au reste de leurs charmes, ils étaient délicieusement suggérés sous les soies colorées, presque transparentes, qu’elles portaient. On pouvait, par exemple, distinguer le diamant que Laeta portait au téton droit. Mais personne, ici, ne s’en souciait, chacun avait trop à faire, et dans la foule qui se pressait on les remarquait à peine. Au sortir d’une ruelle en escalier, après avoir franchi une douzaine d’arches, ils débouchèrent sur une grande place. Des éléphants caparaçonnés d’or la traversaient. Les animaux, fiers et massifs, avaient des défenses décorées. Tous étaient montés de cornacs assis sur de beaux tissus ou tapis. Certains portaient d’imposants howdahs aux épais moucharabiehs percés d’archères. De nombreux soldats à pied, des archers ou des fantassins en armures d’écailles cuivrées, s’avançaient d’un pas rapide autour des éléphants. Les bannières vertes qu’ils tenaient portaient le blason de Sharizar, la capitale de la province la plus méridionale : l’éléphant et le trident. »

                                                                                  L’étoile des sables 1 : La Houri

Il y a autant de peuples différents dans le Shamyr qu’il y a de provinces, d’émirats et de sultanats dans l’empire et pour chacun d’entre eux des réalités et des vies aussi contrastées que l’empire dans son ensemble. Le califat et l’illumination sont l’unique ciment de cette grande mosaïque bigarrée. Un ciment solide même si l’emprise religieuse est superficielle dans certaines marches reculées.

Quel rapport entre un seigneur ogre d’Iskiandre et un modeste pêcheur de la mer violette ? Comment comparer un bédouin des sables Miraj à l’esprit enfiévré par l’illumination à une amazone de Maridjiane, cultivant l’héritage des royaumes antiques, ou à une Saridjide des montagnes d’or revendiquant farouchement ses origines Parses ? L’empire est ainsi fait. Il est éclectique et bigarré, tant sur le plan des ethnies que des coutumes. Mais il est résolument oriental, coloré et flamboyant, et cela se ressent dans les tenues vestimentaires portées par ceux qui ont un tant soit peu de moyens. Le moindre marchand qui va à l’étranger est soucieux de montrer son origine, car là, il n’y a plus de bédouins, de bactriens, ou de Saridjides, il n’y a plus que des Shamyriens, fiers de l’être.

Une énumération des peuples, et des réalités sociales du Shamyr seraient longue et inutile mais on ne peut faire l’économie d’un petit mot sur les races. Le peuple Shamyrien est à 90% humain, mais on trouve des gobelins et des orcs du désert qui vivent bien souvent en marge de la société et également des ogres qui forment la noblesse du sultanat d’Iskiandre. Les elfes y sont extrêmement rares et les nains y sont presque inconnus. Il existe bien quelques races étranges qui vivent aux marges de l’empire, mais elles restent bien souvent cachées…

Le Shamyr aujourd’hui…

En 1460 le califat a éclaté, La Porte d’or, le palais de Shamyria ne contrôle plus que la cité elle-même et la province qui l’entoure. Mais le Calife Rachid-al-Haroun de désespère pas de reconquérir les territoires perdus, surtout que quelques émirats se disent encore Shamyriens…

Shamyria : C’est une cité magnifique aux dômes d’or ovoïdes surmontés d’aiguilles décorées de motifs divers, des palais blancs entourés de minarets d’argent, et une foule de maisons et de jardins imbriqués les uns dans les autres. La cité s’est relevée du saccage des mingols et des Iskiandrins d’Hulagu, mais elle en présente encore les stigmates. L’armée du prince Sélim, maintenant sous le commandement du nouveau calife, défend la capitale et ses environs. Elle espère le secours du sorcier Ash-al-Azyr qui, allié au prince de Sharizar, entame une reconquête du Shamyr par le sud.

« Cela ne faisait pas deux heures que le soleil s’était levé et pourtant sa chaleur étouffante embrasait déjà les ruelles de Shamyria. Kurst et le capitaine Sacha menaient la marche, tirant par la bride leurs chevaux chargés. Les autres suivaient, à la queue-leu-leu, chacun tenant sa monture, dans une des artères les plus grouillantes d’activité de la cité. La porte des sables, grande ouverte, n’était plus guère qu’à une centaine de mètres devant eux. Les mamelouks de la porte, au teint aussi noir que le charbon des mines Bactres, ne prenaient pas la peine de se mêler au flot incessant qui entrait ou sortait de la ville. Les mules chargées de ballots colorés, les chameaux des caravanes de Bsouzar ou de Sharizar, les voyageurs bien ou mal intentionnés, les espions, les voleurs, les sorciers, et les marchands par dizaines, tous n’en finissaient pas de franchir, dans un sens ou dans l’autre, l’arche de pierre la plus ancienne de la cité opulente. Laeta jeta un œil vagabond aux alentours, comme un dernier au revoir à la plus grande cité du monde, la perle de l’orient, la fierté de tous les Shamyriens. »

                                                                                  L’étoile des sables 1 : La houri

 

La province de Sharizar : C’est la plus méridionale de l’empire. Le Koushistan, qui est à sa frontière sud est un territoire sauvage, couvert de jungle et mal définit. Il est la porte d’entrée du Maramapur. La cité de Sharizar est une des cités les plus importantes de l’empire. Elle a jusque-là été épargnée par la guerre. Son prince, l’émir Sinda de Sharizar est resté fidèle au calife. Sharizar est réputée pour ses éléphants, la sagesse de ses princes et sa tolérance aux cultures étrangères. Sa richesse est basée sur ses échanges avec le Maramapur et les peuples au-delà des monts Altaya.

Le sultanat d’Iskiandre : Gouverné par les ogres, il est entré en rébellion et a pris fait et cause pour la reine sorcière Mingole. Le sultan a abandonné son titre pour celui de Khan. Karn II, père d’Hulagu, règne d’une main de fer sur son pays qu’il espère transformer en empire. Le sultanat est fractionné en de multiples seigneuries ogres qui sont toutes soumises au Khan. Les orcs et les gobelins n’y sont pas rares et sont bien intégrés dans cette société au caractère féodal bien qu’oriental. Si Karn II laisse le champ libre à son fils Hulagu (mingol par sa mère) dans sa conquête du Shamyr, il espère de son côté réunir sous sa férule les khanats d’Ograï, ce qui lui donnerait une puissance militaire majeure.

La province de Kiraz : Dirigée par un Wali qui s’est proclamé sultan indépendant, elle a sombré dans le chaos suite à l’invasion des hordes mingoles. Plusieurs batailles majeures y ont été menées et la capitale a été pillée. Kiraz, autrefois resplendissante et réputée pour ses sorciers et ses armuriers a été à moitié rasée. Les mingols ont fait main basse sur tout ce qu’ils pouvaient après un long siège. Ils pillent la province alors que des restes d’armées envoyées en renforts par le calife se sont débandées et résistent ici ou là.

La province de Myr : Le Wali de Myr s’est proclamé émir et s’est soumis aux mingols. La cité a, de ce fait, été épargnée par la guerre. Cette ville n’a jamais eu bonne réputation, hormis pour la magie noire qu’on y pratique. Les nécromanciens et les assassins d’Oms l’ont toujours trouvée très accueillante !

Les provinces à l’ouest des monts de sable : le gouverneur de Pamyr a été un des premiers à se proclamer émir indépendant, mais il a été emporté par la troisième salvarade et maintenant, la cité est passée sous bannière Glénorienne sous la direction du gouverneur Sacha-le-Pamyrien. L’émir Béchich, maître d’Adesse a fait de même mais a su s’entendre avec les envoyés de l’impérator. Il garde sa province mais paie un tribut. De même dans l’oasis de Fadir, le prince Daoud-ibn-Fikr s’est proclamé émir. La menace de l’armée Glénorienne a fait éclater toute cette partie du califat.

Le désert rose et les sables Miraj : Ces grandes étendues sont avant tout sauvages et désertiques. Il y a tout de même de grandes cités comme Massoura, qui reconnaissent encore le calife. Mais pour combien de temps ? Les habitants du désert, les bédouins, s’estiment les seuls véritables fils de l’illumination. Ils sont très mystiques, fiers, et pétris de croyances. Les prophéties ne sont pas rares dans ces déserts hostiles aux mirages flamboyants. Les djinns vivent ici… Si l’empire sombre, c’est qu’il s’est écarté du chemin de l’illumination. Les tribus du désert se réuniront-elles, comme à l’époque du prophète Azûl, pour partir à la guerre en brandissant la bannière verte ? Sauveront-elles le califat pour imposer leur vision rigoriste de la religion ou le délaisseront-elles à sa décadence ?

Melkidoukir : Cette cité doit être considérée à part. Elle a le statut de cité sainte puisqu’elle est la première à s’être convertie à l’illumination et que le prophète Azûl y a vécu jusqu’à sa mort. C’est également le seul port Shamyrien sur l’océan rouge. Il n’y a pas d’autre véritable cité plus au sud de cette côté rocheuse brûlée par le soleil. La cité est assez riche et très éloignée de Shamyria. Les guerres du califat ne sont ici qu’une rumeur, si bien que nombre de réfugiés sont venus s’y installer. Ils sont en général mal vus, car les habitants aux racines bédouines sont aussi fiers que méfiants envers les étrangers. L’émir de Melkidoukir est toujours un frère ou un demi-frère du calife. Actuellement, il s’agit de Sulaman-le-pieu. Il n’a pas mis les pieds à Shamyria depuis 25 ans, et même s’il n’a pris aucune position par rapport à l’empire, il est, de fait, indépendant. Son regard étant plus tourné vers les montagnes roses, les sables Miraj et les luttes de pouvoir au sein des tribus bédouines, il n’a pas vu l’importance que prenait l’île de la perle et la concurrence qui s’établissait entre ses voisins occidentaux. Le détroit de Melkidoukir n’est pas large, l’émir dispose, à tout le moins, d’une capacité de nuisance importante vis-à-vis des flottes qui le traversent. Autrefois, son territoire s’étendait sur toute la Vastille et même au-delà. Mais la Reconquista des Vastillans a rejeté les Shamyriens de l’autre côté de l’océan.

Le sultanat Maridjiane : Le pays des amazones ne fait plus partie intégrante du califat. Les sultanes se sont montrées de plus en plus indépendantes au fur et à mesure que la province a été délaissée par l’autorité centrale. La situation est confuse dans le sultanat, après la mort de la sultane Najiama, une série de complots ont éclaté qui ont décimé les rangs des princesses héritières. Une guerre civile a éclaté à Maridjiane. Aujourd’hui, la sultane Laeta est contestée par au moins deux rivales et elle a fort à faire pour asseoir son autorité. Les luttes intestines sont loin d’être terminées. Bien entendu, le sultanat Maridjiane, terre des amazones, filles d’Ishtar et de Xampéria, est dirigé par les femmes.

« La cité de Maridjiane, blanche et argent, se mirait dans la mer de cristal. Le palais de la sultane, accroché sur le flanc du mont Ajapur, dominait tout le reste de la ville. Son marbre blanc, immaculé, brillait au soleil. Ses dômes et ses puissantes colonnes qui soutenaient de nombreuses arches, avaient été réalisés, dans un style très oriental, en quartz rose. Chacun des dômes était surmonté d’une flèche très fine de jade verte, tout comme les nombreuses tours de l’édifice. Par sa taille et sa beauté, il rivalisait avec la Porte d’or de Shamyria. Le reste de la cité, éclatant de blancheur, se déroulait sur des pentes, raides aux abords du palais, qui s’adoucissaient au fur et à mesure qu’on s’approchait du port. Ce dernier était assez vaste, et protégé par une imposante forteresse crénelée de pierres blanches. De nombreux boutres et chebecs shamyriens y mouillaient, on y distinguait aussi des navires de Kandishapur ou d’autres cités de Maramapur. Ils venaient porter leurs marchandises depuis l’autre côté de la mer de cristal, des mystérieux pays au-dessous de la jungle de Koush. Toute la ville était ceinturée par des murailles, hautes et facilement défendables. Des tours renforçaient les fortifications à intervalles réguliers. »

                                                                       L’étoile des sables 2 : l’amazone

Depuis les origines antiques de la civilisation des amazones, elles sont réparties en trois tribus : les tribus de l’épée, de la flèche et des chasseresses. Elles ont adopté des modes de vie et des coutumes différentes.

La tribu de l’épée, issue des amours de la déesse Ishtar avec le dieu Mardek est la tribu régnante. Il s’agit d’amazones civilisées généralement sages et plutôt urbaines. Leurs guerrières portent des armures ornées de joyaux et des armes inspirées de l’antiquité. Les filles de l’épée se sont attribué tous les plus hauts postes du sultanat. Elles ont une vision plutôt progressiste de la condition des hommes.

Les membres de la tribu de la flèche sont supposés être également les filles d’Ishtar et de Mardek, mais issues d’un amour au cours duquel Ishtar a dupé le dieu de la guerre. Beaucoup d’entre elles vivent hors de Maridjiane, dans les cours de tous les royaumes orientaux. Certaines sont les épouses de princes, d’autres ne sont que de simples esclaves… elles n’en forment pas moins un puissant réseau d’influence au service du sultanat. Il ne faut pas s’y tromper, la flèche qu’elles manient est celle qui transperce les cœurs. La séduction est leur arme principale. Leur art en ce domaine confine à la magie…

Les chasseresses, descendantes de la déesse Xampéria, la chasseresse, et du dieu Mardek ont gardé le mode de vie le plus fruste. Elles habitent, pour beaucoup, dans les jungles du sultanat comme le font les Numiziens. Leur style de vie rude et sauvage en font des guerrières tout à l’opposé des filles de l’épée ou pire, de la flèche. Elles gardent les hommes en esclavage et certaines continuent de les mutiler.

« Comme Cami restait à admirer le palais de la sultane, Mixil se crut en devoir de lui faire un commentaire.

– Les trois couleurs sont associées aux trois tribus des amazones : le blanc pour la tribu de l’épée, qui est actuellement la maison de la sultane. Le rose pour la tribu de la flèche et le vert pour les chasseresses.

– Il y a trois tribus ? Je croyais que les amazones ne formaient qu’un seul groupe…

– Cela vient essentiellement des dynasties, de l’histoire du sultanat, qui ne porte ce nom que depuis la conquête de l’illumination. Auparavant, on parlait du royaume des amazones, et la cité se nommait Ajapur, comme le sommet.

– Ajapur ? demanda Laeta. Ça sonne…

– Comme Maramapur, la coupa Mixil. Le pays des rajas et des ranis… Ce n’est pas un hasard, notre culture y est associée. Vous aurez le temps de le découvrir. Les habitantes de la capitale se sentent avant tout citoyennes de la ville, la notion d’appartenance à une tribu est assez secondaire pour elles, sauf pour celles dont le sang se rapproche de celui de la sultane. La tribu de l’épée est celle qui a été fondatrice de la cité et du royaume. Elle a hérité d’Ishtar et de Mardek, celui qu’on nomme Ars à Spara. L’essentiel des terres, surtout celles qui sont mises en culture, appartiennent à la tribu de l’épée. Les chasseresses, dont je suis issue, vivent plutôt dans la grande forêt vierge du sud du royaume. D’après nos légendes, elles sont les filles d’Ishtar et de Xampéria, et comme leur nom l’indique… elles chassent, et adoptent un mode de vie beaucoup plus rustique.

Mixil se retourna vers Kurst et Rodar et ajouta à leur intention :

– Vous avez de la chance ! Si nous avions dû nous rendre à Ephésia, notre capitale, vous auriez été traités comme des esclaves. Les mœurs sont beaucoup plus souples envers les mâles à Maridjiane ! Vous allez cependant être désarmés. Le mieux serait qu’on le fasse maintenant. »

                                                                                  L’étoile des sables 2 : L’amazone