Les djinns des Sables Miraj

Ce roman constitue le second volet de la trilogie de fantasy orientale des aventures de Laeta. Le récit, entièrement remis à neuf, est poursuivi par le tomes 6, qui termine la quête complète de l’étoile des sables anciennement parue aux éditions SK.

Les djinns des Sables Miraj est un voyage à travers un monde de fantasy, une invitation à l’aventure, en même temps qu’un tournant décisif dans la vie de l’héroïne. L’énigme que le prince des djinns lui pose la suivra jusqu’à la fin de son extraordinaire épopée.

Au sortir de ses aventures à travers les sables brûlants du Shamyr, les jungles de Maridjiane et du Maramapur et sa traversée des Amraya, Laeta ne sera plus tout à fait celle que vous avez découverte dans les Cascades d’argent et la lune d’ombre…

À chercher une étoile, on en découvre une autre…

Des déserts brûlants du Shamyr aux montagnes les plus élevées de Geya, en passant par la redoutable forteresse de Bekessos, Laeta poursuit la quête insensée de l’étoile des sables à travers tout l’Orient. Mais le joyau merveilleux attire beaucoup de convoitises.

Ses amis d’hier pourraient bien grossir les rangs de ses ennemis. Comment réagira le mage Ash-al-Azyr, son ancien maître, en apprenant sa fuite ? Qui sont les mystérieux cavaliers qui la poursuivent ?

C’est une véritable course contre la mort que Laeta va engager, à plonger au cœur des ténèbres. La houri se laissera-t-elle séduire par l’ombre au moment crucial ? Ira-t-elle jusqu’à l’épouser ?

Dans ce voyage initiatique, Laeta sera exposée à des tentations qu’elle n’aurait jamais imaginées et franchira une étape de plus sur la voie de la houri. Saisira-t-elle pour autant le sens caché de l’énigme que lui posera le prince des djinns ?

À chercher une étoile, on en découvre parfois une autre…

Le livre papier (broché) est à 18 euros et les versions numériques à 3,99 €.

Extrait 1

Laeta finit par sortir de la caverne enténébrée à l’aide de sa lampe. Elle émergea dans l’oasis au beau milieu de la nuit. La lune ne s’était pas encore levée, mais les étoiles brillaient de tous leurs feux. Il n’y avait ni cris ni chants, tout était étrangement silencieux, pourtant elle retrouva son chemin avec une facilité déconcertante. C’était à croire que cette caverne était cachée à moins de deux cents pas de l’étang principal de l’oasis. Mais lorsqu’elle y déboucha, il était complètement désert. Les habitations de pierres ou les tentes des Badawinnes étaient vides, même les troupeaux avaient disparu.

Laeta se sentait de plus en plus inquiète, même si elle savait qu’elle était en plein enchantement ou peut-être dans un rêve. La nuit n’avait pas pu tomber si vite pas plus que les gens n’avaient pu se volatiliser. Elle marcha jusqu’à arriver dans une petite clairière de sable clair où elle découvrit le soufi à la peau et aux yeux de cuivre, toujours vêtu de sa simple chemise de lin blanc, qui l’attendait assis en tailleur.

— C’est toi qui m’as appelé ! commença-t-il.

— Appelé ? Mais… Vous n’êtes plus muré dans le silence ?

L’homme adressa un sourire malicieux à Laeta.

— Assieds-toi ! Sais-tu qui je suis ?

Laeta prit place en face de lui, avec toute la grâce dont elle était capable bien qu’ayant toujours sa lampe à la main, puis considéra alternativement l’objet de cuivre et l’homme. La lueur de la flamme brillante se reflétait parfaitement dans ses yeux.

— Je suppose que vous êtes le djinn de la lampe, finit-elle par déclarer.

— Tu supposes bien. Mais sache que je suis un prince, un des plus grands.

Laeta le regarda sans oser prononcer un mot.

— Eh bien ? Que veux-tu ? demanda-t-il. Serais-tu plus convaincue si je prenais la forme d’un géant vaporeux ?

— Non, c’est bien inutile, je vous crois sur parole, et je suis très confuse de vous avoir dérangé. Laissez-moi repartir d’où je viens, je vous en prie !

Le djinn plissa les yeux, puis sonda Laeta quelques instants.

— Tu as droit à un vœu.

— Un vœu ?

— Ton cœur a parlé pour toi ! Celle qui t’est chère n’a pas besoin d’être sauvée, elle l’est déjà. Cependant, un obstacle important l’entrave encore.

Le soufi, dont les yeux de cuivre étaient devenus lumineux, sortit de sa chemise un petit joyau, un saphir aussi resplendissant que l’azur des cieux.

— Tu offriras ceci à ta sœur.

— À ma sœur ?

— Oui, à Nedjma.

— Mais…

— Tu ne tarderas pas à la trouver. Tu t’es trop enfoncée dans cette oasis pour y échapper maintenant. Ton destin repose entre tes mains et celles du Très-Haut. La bonne étoile qui veille sur toi s’est couchée, et elle ne se lèvera pas là où tu vas. Tu vas devoir faire preuve de beaucoup de courage.

Laeta soupira, mais accepta avec politesse le joyau.

— Mais, prince des djinns, un mage m’a dit, enfin un apprenti…

— Miirdja.

— Oui, Miirdja, reprit Laeta confuse. Il m’a affirmé que les djinns n’accordaient rien aux mortels sans contrepartie, que seuls les sorciers les plus puissants ou les autres djinns…

— Tu n’es pas une simple mortelle, sourit-il, n’es-tu pas une houri ? N’est-ce pas ce que tous ceux que tu rencontres prétendent ? Et, qu’est-ce qu’une houri ? Il faudra bien que tu le découvres par toi-même. Ce sera la seule réponse qui vaille. Quant à Miirdja, sache qu’il a suivi le même chemin que Nedjma, il était suffisamment engagé dans sa voie. Ce peut être un mal comme un bien. Inch Ellah, comme disent les gens de l’oasis. Connais-tu la parabole du roseau et du chêne ?

— Bien sûr, elle fait partie des hadiths, des mille sagesses du prophète que l’on m’a enseignées à la medress.

— On l’attribue souvent au prophète Azûl à tort. C’est un poète qui a énoncé cette énigme, un homme mystérieux qui signait ses compositions sous le nom de « djinn de la source » …

— Une énigme ? Je croyais qu’il s’agissait d’une parabole.

— Lorsque le sens d’un récit échappe au commun, ne devient-il pas une énigme ?

— Pour avoir étudié ce texte en même temps que tant d’autres de la culture shamyrienne, il me semble en avoir percé le mystère qui, à ce que j’en sais, n’est guère caché.

Devant le mutisme du djinn, Laeta se crut en devoir de rappeler les grandes lignes de la fable à laquelle il faisait référence.

— Un roseau poussait à l’ombre d’un chêne robuste, l’arbre puissant et majestueux s’adressait à lui avec condescendance. Le roseau était si petit, si chétif, toujours obligé de courber la tête, souffrant de tous les maux, alors que le chêne vigoureux bravait soleil et bourrasques, fier et inébranlable, admiré de tous. Lorsque le vent se leva, soufflant en tempête, le roseau plia comme à son habitude, mais le chêne fut déraciné et chuta à grand fracas… Il n’est pas bien difficile d’en analyser le sens, poursuivit Laeta. Les grands et les puissants, dans leur orgueil, s’exposent aux courroux du destin et leur chute n’en est que plus dure, alors que les petites gens peuvent passer à travers ses caprices ne cherchant pas à l’affronter. Mieux vaut plier plutôt que de vouloir tenir tête à tout prix à ce qui nous dépasse…

— Voilà une morale adaptée aux pensionnaires d’une medress. Cependant, le récit que tu m’en fais n’est pas tout à fait complet, car il se termine par une question. Il interroge directement celui qui reçoit la fable, il attend une réponse, ce qui en fait une énigme…

— Et je suppose que vous allez me poser cette question.

— Ce serait dommage de ne pas aller au bout de cette sagesse. Elle est toute simple. Et toi, qui es-tu ?

— Comment ça, qui es-tu ?

Mais, comme le djinn la fixait à nouveau silencieusement, la dardant de ses yeux de cuivre, Laeta comprit qu’il ne lui en dirait pas plus et que c’était à elle seule de donner une réponse. Il s’agissait là d’une bien drôle d’énigme en réalité. Laeta essaya bien d’y déceler un piège, mais la solution lui paraissait très claire et guère éloignée de l’enseignement de la medress. Il n’y avait rien de sibyllin, l’énoncé était bien loin de ce qu’elle avait étudié dans les écrits tortueux du poète Al-farj de Bassra, il n’y avait pas non plus sujet à interprétation fumeuse.

— Le roseau, répondit-elle finalement. Je suis assurément le roseau et je l’ai toujours été. Je suis celle qui plie, pas celle qui tient tête. Je suis aussi celle qui se relève et qui passe à travers la tempête. Sans doute, celle qui s’est un peu trop approprié la sagesse de cette parabole…

Après un long moment de silence, le prince des djinns reprit.

— Maintenant, retourne dans la caverne et repose la lampe où tu l’as trouvée. Il ne t’appartient pas de l’emporter. Tu souffleras sa flamme avant de partir, et tu t’apprêteras à marcher dans les ténèbres.

Laeta acquiesça, salua le djinn avec toute l’élégance d’une houri, et se retira en silence avec malgré tout un sentiment d’inachevé.

Se pouvait-il que quelque chose lui ait échappé dans cette énigme ? Alors que ses pas la portaient vers la caverne, une idée s’imposait à elle. Elle avait l’impression que la parabole la questionnait au plus profond de son être, comme si un jour, le fameux djinn de la source l’avait écrite pour elle et seulement pour elle. Elle secoua la tête en se faisant la réflexion que c’était probablement ce que se disaient tous ceux qui s’engageaient sur des interrogations introspectives.

Y avait-il un lien avec la nature de la houri ? Dans les deux cas, le djinn avait laissé entendre qu’elle serait la seule capable d’y apporter une réponse. Les deux énigmes formaient-elles un tout ?

C’est avec la certitude de ne pas avoir été à la hauteur, d’être passé à côté d’elle-même, qu’elle reposa la lampe à sa place.

Et, comme le lui avait affirmé le djinn, après avoir soufflé la flamme, elle marcha dans les ténèbres.

Extrait 2

Les légionnaires de la legio septentrionalis avaient pris position sur les flancs des collines Elia, au sud-est de la forteresse. Ils constituaient l’aile droite de l’armée impériale, placée sous le commandement du dux Alaric-dent-de-loup.

Le capitaine Sacchios, avec le détachement du lac, était aux premières loges. Jusque-là l’ennemi les avait laissés tranquilles : les cohortes de lanciers de Sharizar, avec leurs armures d’écailles cuivrées et leurs casques pointus, ne s’étaient pas risquées sur ces pentes broussailleuses. Chacun restait prudemment hors de portée de flèches, dans un face-à-face interminable.

Alors que la bataille faisait rage et tournait très mal dans la plaine centrale, il semblait qu’on les avait tous oubliés ici. Alaric avait de plus en plus de difficultés à tenir ses hommes, impatients d’en découdre pour secourir leurs frères plus que mal en point sur le reste du champ de bataille.

Ce qui inquiétait vraiment le capitaine, c’étaient ces nuages noirs qui s’amoncelaient au-dessus d’eux depuis près d’une heure. Un mauvais coup de l’ennemi, à n’en pas douter. Ils ressemblaient à une fumée lourde et épaisse, que les légionnaires devinaient émise par des brasiers cachés derrière les dunes, de l’autre côté du dispositif adverse. Là-bas, d’immenses volutes noires quittaient le sol à l’assaut des cieux avant d’obliquer dans leur direction. Au-dessus des collines, le ciel devenait complètement obscur, tourbillonnant de fumerolles épaisses qui masquaient le soleil de manière inquiétante.

Les soldats y trouvaient au moins un point positif, ils n’étaient pas directement soumis à la chaleur écrasante qui régnait partout ailleurs.

— Ça bouge ! hurla Sacchios.

Les lanciers de Sharizar s’écartèrent pour laisser passer d’autres combattants en armures brillantes, avec à leur tête un capitaine noir de près de six pieds, au visage tatoué d’or.

Sacchios retint son souffle en reconnaissant Gazim et la garde de lune, les soldats de la guilde de la troisième lune – ceux-là mêmes qui l’avaient fait prisonnier à Shamyria – prendre le temps de se mettre en place. Il ne comprenait pas ce qu’espérait l’ennemi, ces nouvelles cohortes, peu nombreuses, n’étaient guère en mesure de monter à l’assaut des légionnaires. Le terrain donnait un net avantage tactique à ces derniers.

Alors, les premières gouttes commencèrent à tomber.

Sacchios s’essuya le visage, ce qu’il avait pris pour de la pluie était un liquide visqueux et noir. Du naphte ! Il regarda avec effarement autour de lui. Il y en pleuvait partout !

Puis ce furent des flammèches qui churent des cieux, de minuscules perles de feu qui arrivaient en un flot clairsemé, mais continu.

— Boucliers sur la tête ! ordonna-t-il sans véritablement mesurer le piège dans lequel ils étaient tous fourrés.

Les légionnaires réagirent aussitôt. Mais bien vite, il y en eut pour se tapoter le torse et les jambes afin d’éteindre les flammes qui prenaient sur leurs vêtements. Puis ce furent les broussailles sèches qui s’embrasèrent, un incendie se déclara sur l’ensemble des deux collines.

Gazim abaissa son cimeterre. Ses hommes montèrent à l’assaut des hauteurs, dans un ordre impeccable, alors que les légionnaires se débandaient.